Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte |
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Bannière de l'OSM. |
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Type | Ordre religieux humanitaire |
Création | 1879, le pape Léon XIII installe un grand maître |
Reconnaissance canonique | 27 juin 1961 par le pape Jean XXIII[1] |
Liste des ordres religieux | |
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L’ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte est un ordre religieux catholique doté d'une souveraineté fonctionnelle et une organisation internationale caritative. C'est l'une des organisations qui a pris la suite de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et dont les statuts actuels datent de 1961[1].
C'est aujourd'hui une organisations à vocation caritative[2] dont les actions humanitaires actuelles sont principalement tournées vers la lutte contre la pauvreté, mais également dans la lutte contre la lèpre et plus globalement les problèmes médicaux ; l'Ordre intervient aussi ponctuellement par des missions de secourisme d’urgence lors de catastrophes naturelles ou d’aide humanitaire envers les réfugiés lors de conflits armés. Il est actuellement présent dans plus de 120 pays à travers le monde[3].
Le siège de l’ordre se trouve à Rome, Via dei Condotti, près de la Place d’Espagne ; le « palais magistral » jouit d’un statut d’extraterritorialité[réf. nécessaire].
Sa devise héraldique est une formule en latin « Tuitio Fidei et Obsequium Pauperum » (« Défense de la Foi et assistance aux pauvres »).
Nom de l'Ordre[]
Le nom de l'ordre historique était « ordre de Saint-Jean de Jérusalem » et c'est dès sa présence à Saint-Pétersbourg que les chevaliers de Malte et Paul Ier de Russie commence à généraliser le nom d'« ordre de Malte ». Mais c'est toujours sous le nom d'« ordre de Saint-Jean de Jérusalem » que l'Ordre est appelé dans le traité d'Amiens en 1802[4]. C'est sous le nom d'« ordre souverain de Saint-Jean de Jérusalem » que deux mémoire sont remis en 1816 et 1817 à Louis XVIII pour plaider la cause de l'Ordre[5],[6].
Lors de la réunion sur la Croix-Rouge qui se tient à Berlin en 1869, des délégués de l'Ordre sont présents pour représenter l'« ordre souverain de Malte » et dans la 18e conférence internationale de la Croix-Rouge à Toronto les délégués représentent l'Ordre comme organisation internationale sous le nom d'« ordre de Malte ». La décision cardinalice du 24 janvier 1953 le nomme « ordre souverain militaire jérosolymitain de Malte »[7].
Il faut attendre la constitution de 1961 pour que l'Ordre prenne son nom définitif d'« ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte » souvent abrégé en « ordre souverain militaire de Malte », « ordre souverain de Malte » ou « ordre de Malte »[8]. En italien la langue officielle de l'Ordre c'est Sovrano Militare Ordine Ospedaliero di San Giovanni di Gerusalemme di Rodi e di Malta avec les abréviations Sovrano Militare Ordine di Malta, Sovrano Ordine di Malta ou Ordine di Malta[9].
Pour éviter que d'autre ordres ne viennent troubler l'image de l'Ordre, le nom « Ordre de Malte » a été déposé légalement dans 16 variantes différentes de nom ainsi que ses emblèmes et cela dans plus de 100 pays dans le monde[8]. L'Ordre a même esté en justice sans succès pour interdire l'usage du nom « ordre de Saint-Jean de Jérusalem » à d'autres ordres qui prétendent comme l'« ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte » reprendre la tradition historique de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Historiographie[]
L'ordre de Malte est issu des Ospitalarii, les premiers moines hospitaliers servant à l'hospice Saint-Jean à Jérusalem :
l'article 1er de la charte constitutionnelle de l'ordre souverain de Malte, intitulé De l'origine et de la nature de l'ordre dispose au paragraphe 1 « l’ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, dit de Rhodes, dit de Malte, issu des « Ospitalarii » de l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, appelé par les circonstances à ajouter à ses tâches primitives d’assistance une activité militaire pour la défense des pèlerins en Terre Sainte et de la civilisation chrétienne en Orient, successivement souverain des Îles de Rhodes et de Malte, est un ordre religieux laïque, traditionnellement militaire, chevaleresque et nobiliaire »[10].
Il existe un désaccord entre historiens sur le point de savoir si l'ordre souverain de Malte « est » ou « n'est pas » l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, s'il en « prend » la suite ou en « reprend » sa tradition et son histoire. Certains historiens, comme le Français A. Blondy[11], pensent qu'il aurait éclaté en plusieurs ordres survivants, d'autres comme l'Anglais H. J. A. Sire[12] ou le Maltais V. Mallia-Milanes[13] prétendent qu'il aurait cessé d'exister en fondant cette affirmation sur des éléments factuels hors des conditions religieuses tels que la confiscation des biens en France par la Révolution française, l'expropriation de Malte de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem par Bonaparte en 1798, la confiscation des biens de certains des grands prieurés hors de France (le grand-prieuré de Bohème ayant conservé les siens), l'appropriation de l'ordre par Paul Ier de Russie, l'abdication du grand maître Ferdinand de Hompesch en 1799, le refus de reconnaître l'élection de Fra' Caracciolo par le pape Pie VII en 1809, la perte définitive de l'île de Malte par le traité de Paris en 1814 ou encore la multiplication d'ordres se réclamant de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.
Le Saint-Siège, seul compétent en matière de reconnaissance ou de dissolution des ordres religieux, s'est prononcé par une sentence cardinalice le 24 janvier 1953 (155 ans après l'abdication de Hompesch) sur deux sujets en question : l'« ordre souverain militaire jérosolymitain de Malte » (nom alors de l'ordre de Malte) est-il toujours un ordre religieux et est-il encore souverain? Dans les deux cas les réponses sont plus que mitigées[14].
L'ordre religieux ne peut concerner que les chevaliers qui prennent les vœux traditionnels de tout ordre religieux. Mais l'organisation n'est pas ordre religieux dans son ensemble, les diverses organisations qui remplacent les langues, baillies, prieurés, associations nationales, etc. ne peuvent se prévaloir du statut de religio et ne peuvent donc par leur seule existence faire preuve de celle de l'ordre. Il est donc difficile de faire état d'une continuité de l'ordre à travers ces diverses institutions.
Le rétablissement des trois grands-prieurés italiens dès le début du XIXe siècle, la création, à partir de 1864, d’associations nationales ou de nouveaux prieurés, l'autorisation en 1879 par le pape Léon XIII de l'élection d'un nouveau grand-maître, Jean-Baptiste Ceschi a Santa Croce et l'approbation en 1961, par le pape Jean XXIII de la charte constitutionnelle actuelle ont constitué les jalons de l'histoire moderne de l'ordre de Malte. La démarche moderne de l'ordre de Malte s'inscrit dans la tradition des actions menées par les Hospitaliers d'autrefois[15]. Par exemple en considérant comme un « retour à la maison », outre l'ambassade dont l'ordre disposait déjà à Malte dans un cavalier des fortifications de La Valette, la mise à disposition de l'ordre, pour une durée de 99 ans, du fort Saint-Ange par la république de Malte, dans le but que celui-ci le restaure.
Histoire moderne de l'ordre de Malte[]
La période noire de l'ordre à Malte[]
L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem est chassé de Malte par Bonaparte qui récupère la souveraineté de l'archipel. Le grand maître Ferdinand de Hompesch avait auparavant demandé à l'empereur de Russie Paul Ier de devenir le protecteur de l'ordre. Après l'abdication de Hompesch, les 249 chevaliers de l'ordre exilés en Russie au palais Vorontsov de Saint-Pétersbourg proclament, le 10 octobre 1798, Paul 1er « Grand-maître de l'ordre de Saint-Jean ». Mais l'élection de Paul Ier soulève de nombreuses objections. En effet, celui-ci est orthodoxe et marié. Cet évènement sans précédent dans l'histoire de l'ordre amène le pape Pie VI à ne pas le reconnaître comme grand-maître. L'empereur est aujourd'hui considéré par l'ordre comme un grand-maître "de facto". C'est de l'abdication de Hompesch et de cette élection que certains historiens datent la fin de l'ordre maltais de Saint-Jean de Jérusalem.
Au décès de Paul Ier, en 1801, son fils Alexandre Ier de Russie, conscient de cette irrégularité, décide de rétablir les anciens us et coutumes de l'ordre catholique des Hospitaliers, par un édit du 16 mars 1801 par lequel il laisse les membres profès libres de choisir un nouveau chef. Néanmoins, étant donnée l'impossibilité de réunir l'ensemble des électeurs, le comte Nicholas Soltykoff assure l'intérim de la charge. Finalement, en 1803 pour tenter de sauver l'ordre, il est convenu que la nomination du grand-maître incombera uniquement et exceptionnellement au pape Pie VII. Le 9 février 1803, le pape choisit le candidat élu du prieuré de Russie, le bailli Giovanni Battista Tommasi comme premier grand-maître nommé et non élu par des Hospitaliers.
L'ordre cherche néanmoins à récupérer son territoire à Malte en vain (une des clauses du traité d'Amiens stipulait la restitution de Malte aux Chevaliers). Le grand-maître Tommassi installe ce qui reste de l'ordre à Messine en Sicile, puis à Catane en Italie. À cet « état sans territoire », le pape Léon XII accorde un couvent et une église à Ferrare en Italie, en 1826. En 1834, l'ordre réduit à un état-major s'installe définitivement à Rome. Depuis 1805, à la mort de Giovanni Battista Tommasi, aucun grand maître n'est élu à la tête de l'ordre ; l'ordre est alors gouverné par sept lieutenants qui se succèdent jusqu'en 1879. C'est sur ces ruines que va se reconstruire l'ordre de Malte avec l'élection d'un nouveau grand-maître, Jean-Baptiste Ceschi a Santa Croce par le pape Léon XIII en 1879.
Histoire de l'ordre (1864-1951)[]
À partir de 1864, l'organisation internationale traditionnelle en « langues » de l'ordre ayant disparu de facto, il est alors créées des « associations nationales » ou des « grand prieurés ». En 1879, le pape Léon XIII rétablit la dignité de grand maître qui était vacante et le chapitre général de l'ordre élit Jean-Baptiste Ceschi a Santa Croce à cette charge. À partir de ce moment, l'ordre de Malte crée à travers l'Europe (et plus largement le monde) des fondations locales (compétences territoriales) :
- En 1859 : fondation d'un hôpital à Naples[16]
- En 1864 : fondation de l'Association de Rhénanie-Westphalie[16]
- En 1876 : fondation de l'Association britannique[16]
- En 1877 : installation des premiers trains hôpitaux[16]
- En 1881 : fondation de l'Association d'Espagne[16]
- En 1891 : fondation de l'Association française[16]
- En 1914 : création des premiers trains-hospitaliers pour soigner, sans distinction, les blessés de la grande guerre[16]
- En 1927 : création des Œuvres hospitalières françaises de l'ordre de Malte (OHFOM)[16]
- En 1934 : fondation de l'Institut de médecine missionnaire[16].
La crise de 1951[]
En 1951, le cardinal Nicola Canali, grand maître de l’ordre équestre du Saint-Sépulcre et grand prieur de l’ordre de Malte à Rome, essaya en vain de se faire élire grand maître de l’ordre de Malte[17],[18]; mais le cumul de ces fonctions avec celle du Saint-Sépulcre étant incompatible, on lui refuse donc la possibilité de se présenter. Non satisfait, le cardinal Canali cherche le soutien du Vatican afin de retirer à l'ordre de Malte son caractère souverain et le mettre sous l'unique tutelle du Saint-Siège. Ses desseins échouent, mais il en résulte une profonde crise.
Il faudra une décision cardinalice du 24 janvier 1953 pour mettre fin aux velléités des uns et des autres; l'ordre souverain militaire jérosolymitain de Malte est un ordre religieux seulement par ses membres chevaliers qui ont fait leurs vœux mais pas ordre religieux dans son ensemble, les diverses organisations nationales charitables ne peuvent se prévaloir du statut de religio. Enfin la possibilité de légation, forme limitée de souveraineté, est reconnue à cette organisation.
Un premier projet de charte constitutionnelle est mis au point en 1956 et reconnue applicable par le pape pour une durée probatoire de trois ans.
La nouvelle constitution de 1961[]
Au sortir de cette crise, une nouvelle charte constitutionnelle est promulguée pour un « Ordre Souverain Militaire Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte » et approuvée le 27 juin 1961 par le pape Jean XXIII[19] ce qui met un terme à dix ans de tumultes. Cette constitution a été modifié les 28-30 avril 1997.
Situation juridique[]
L'ordre incardiné au Saint-Siège est maintenant reconnu par celui-ci, depuis 1953 sans discussion possible ; si ses actions ne sont plus militaires elles sont clairement hospitalières et plus généralement humanitaires.
L'ordre de Malte se déclare sujet de droit international public[20] comme possédant une souveraineté fonctionnelle, différence importante avec la souveraineté étatique. En fait, l'ordre de Malte est reconnu auprès des organisations internationales, en tant qu'ONG et non comme État souverain ; le Blue Book des Nations unies précise au sujet du titre d'ambassadeur de l'ordre souverain de Malte que « Le titre d'ambassadeur, lorsqu'il s'applique au représentant d'une entité autre qu'un État, ne doit pas s'entendre comme indiquant en soi le droit aux privilèges et immunités diplomatiques ». L'ordre dispose d'un siège d'observateur permanent auprès des Nations unies[21] et également auprès de la Commission européenne[21] et des principales organisations internationales[21]
Puisqu'il est reconnu à l'ordre le droit à légation, celui-ci peut entretenir des relations bi-latérales avec tous les pays qui le souhaitent. Breycha-Vauthier précise « l'ordre ayant une personnalité en droit international particulier et non en droit international général, son droit de légation dépend de la reconnaissance individuelle de chaque État recevant ». C'est sur cette base que l'ordre peut déployer ses représentants dans plus de cent pays[21]. Le manque d'un territoire pose à l'ordre souverain de Malte un problème, il est impossible pour l'ordre de recevoir auprès de lui des ambassadeurs autres que ceux déjà habilités auprès du Saint-Siège, n'ayant pas la possibilité d'assurer ce statut d'ambassadeur sur le territoire italien[22].
L'ordre de Malte aujourd'hui[]
On dénombre environ 12 500 membres de l'ordre de Malte et 80 000 bénévoles réguliers à travers le monde qui font vivre les activités hospitalières[23].
L'ordre en France fête saint Jean-Baptiste le 24 juin[24] lorsque ses membres se réunissent au château de Versailles[24].
De nos jours le grand maître de l'ordre est Fra' Matthew Festing, un chevalier profès, fils du Field Marshal Sir Francis Festing et qui descend des ducs de Manchester en Grande-Bretagne[25].
D'ordre religieux, régulier et militaire à ordre laïc, séculier et civil[]
Depuis la seconde moitié du XIXe siècle et la création des associations nationales, la composition des membres de l'ordre souverain de Malte diffère de ce qu'elle pouvait être à l'époque de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. En effet, à cette époque, les chevaliers de l'ordre étaient :
- tous des religieux ayant prononcé les trois vœux de chasteté, obéissance et pauvreté et un quatrième vœux de soin aux malades ;
- vivaient de façon conventuelle lorsqu'ils se trouvaient à Jérusalem, puis à Rhodes, puis à Malte où le Couvent concernait toute l'île ;
- étaient soumis à la Règle, d'inspiration augustinienne, initialisée par Raymond du Puy (vers 1130 et approuvé par le pape Calixte III en 1153).
Depuis au moins 1864, la plupart des chevaliers sont des laïcs, vivant dans le siècle, qui se sont engagés solennellement à consacrer une partie de leur temps au service des pauvres et des malades, mais n'ont pas prononcé de vœux religieux. Les rares chevaliers religieux vivent également dans le siècle mais se retrouvent régulièrement pour des retraites.
En 2011, on compte par exemple en France : 4 chevaliers profès (qui prononcent des vœux évangéliques: obéissance, chasteté et pauvreté) et 2 chevaliers à vœux simples sur 542 chevaliers laïcs dont 23 chevaliers en obédience (qui prononcent une promesse d'obédience).
De la même manière, les chevaliers étaient aussi des militaires et combattaient fréquemment. Aujourd'hui, les chevaliers sont des civils qui n'exercent plus le métier des armes et les grades dans l'ordre ne correspondent plus à des fonctions militaires mais sont purement honorifiques.
De plus, tous les chevaliers exerçaient divers emplois de santé et soignaient eux-mêmes les malades. Aujourd'hui, les chevaliers participent de manière bénévole au soin des malades, des personnes vivant dans l'exclusion de la maladie, du handicap et de la pauvreté dans l'esprit de l'engagement qu'ils ont prononcé lors de leur admission. Les aspects purement médicaux sont traités par des professionnels de la santé financés par les œuvres caritatives de l'ordre.
Critiques[]
Certaines critiques, notamment eu égard au fait que depuis cette époque les œuvres se sont développées et que la moitié des membres ne sont plus issus de la noblesse (cf. notamment ceux du continent américain), ont été formulées dans les années 1960 par Philippe du Puy de Clinchamps (1913-1971) :
« l’ordre dit de Malte, hors quelques œuvres charitables (notamment dans la lutte contre la lèpre), dépense surtout ses forces pour des questions de préséances et dans des querelles intestines. L’ordre, comme bien d’autres, joue principalement, dans la réalité, le rôle d’un refuge pour une assez désuète vanité nobiliaire. On sait qu’après avoir exigé seize quartiers de noblesse, c’est-à-dire la noblesse des seize trisaïeuls du futur chevalier, l’ordre de Malte ramena cette exigence à huit quartiers, la noblesse des huit bisaïeuls. Mais il est des accommodements avec le ciel! Il reste permis de racheter un défaut de noblesse par quelque aumône; et Malte accueille ainsi dans son sein des chevaliers aux quartiers quasi tous roturiers y compris le pourtant indispensable quartier noble paternel. Cependant comme aux yeux de la société, assez restreinte il est vrai, qui s’intéresse encore à cette sorte d’association sans être très au fait de leur état réel, ordre dit de Malte sous-entend noblesse, on y entre pour paraître noble sans l’être le moins du monde et ceci, en France tout particulièrement; certains pays, et notamment ceux d’Europe centrale, sont restés relativement exigeants quant aux preuves de noblesse à fournir. Aussi quand le Saint-Siège, désireux de mettre un terme aux interminables chicaneries qui divisaient l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, songea à la suppression des anachroniques preuves, ou prétendues telles, de noblesse, entendit-on ce commentaire fait par un dignitaire de l’association: dans ce cas, Malte n’aura plus de sens. Faut-il dire que tout cela est totalement étranger à ce qui fut la chevalerie médiévale? Pourtant ces ordres internationaux de vanité plutôt que de chevalerie se parent de quelques apparences de cette dernière »[26].
Les membres actuels de l'ordre sont majoritairement issus de vieilles familles nobles, « difficile de trouver des people parmi eux, sauf à s'appeler le roi d'Espagne, la plupart des souverains catholiques tels que le grand-duc de Luxembourg, le roi des Belges, le prince de Liechtenstein ou encore le prince de Monaco, ainsi que quelques personnalités comme Valéry Giscard d'Estaing qui, peu présent, s'enorgueillit tout de même dans le Who's Who d'être “bailli grand-croix d'honneur et de dévotion”. À l'ordre de Malte, bien que les membres viennent d'horizons divers, les vieilles familles sont plus représentées que les membres de l'industrie du spectacle.
Activités hospitalières nationales[]
L'ordre de Malte a conservé sa mission hospitalière « secourir et soigner » : pour la mener à bien, il dispose d'un personnel en grande partie bénévole. Chaque association nationale organise elle-même ses propres œuvres, qu'elle gère selon les lois du pays où elle réside[27]. Ces associations financent elles-mêmes leurs activités médicales, hospitalières et humanitaires grâce à des cotisations, des dons lors de quêtes nationales ou encore grâce à de nombreux legs[27].
L'ordre est organisé aujourd'hui en grands-prieurés au nombre de 6 : Rome, Lombardie-Vénétie, Naples et Sicile, Bohème, Autriche et Angleterre, et en associations nationales au nombre de 47 : Allemagne (1859/1867), Royaume-Uni (1875), Italie (1877), Espagne (1886), France (1891), Portugal (1899), Pays-Bas (1911), Pologne (1920), États-Unis (1926), Hongrie (1928), Belgique (1930), Irlande (1934), Argentine (1951), Pérou (1951), Canada (1952), Cuba (1952), Mexique (1952), etc.
Activités humanitaires internationales[]
L'ordre de Malte est présent pour intervenir lors de catastrophes naturelles[27] ou lors de conflits armés comme en 1969 au Biafra, au Viêt Nam en 1974, en Ouganda en 1980 mais aussi, par exemple, en Yougoslavie dans les années 1995–1999[27].
Comité hospitalier international de l'ordre de Malte[]
En 2005, l'ordre de Malte crée le comité hospitalier international, placé sous la direction du grand hospitalier, et qui a pour mission de coordonner les efforts extra-nationaux humanitaires de chacune des associations de l'ordre[27].
Malteser International[]
On assiste également en 2005[28] au remplacement de l'ECOM (les Corps d’urgence de l'ordre de Malte) par le Malteser International afin de constituer un nouveau corps de secours international pour l'aide médicale et humanitaire d’urgence. Cette nouvelle structure a son siège à Cologne en Allemagne[28] et regroupe vingt-trois associations[28] dépendant de l'ordre dans le monde, à savoir l'Autriche, la Belgique, la Bohême, le Canada, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Irlande, l'Italie, la Hollande, la Pologne, le Portugal, la Suisse et les trois associations des États-Unis. Le Malteser International hérite de la longue expérience de l'ECOM qui avait été présent, par exemple, au Honduras après le passage de l'ouragan Mitch en 1998/99, au Kosovo en 1999–2000, au Pérou après le tremblement de terre de 2001, en Afghanistan en 2002–2005. D’autres opérations à caractère médical et d’assistance ont eu lieu au Zimbabwe et en Angola en 2002, en Iraq en 2002–2003. Le Malteser International est actuellement présent dans trente-cinq pays[28].
Comité international de l'ordre de Malte[]
Le comité international de l'ordre de Malte, abrégé CIOMAL, a été créé en 1958[29]. Il a pour mission de lutter contre la lèpre et de soigner plus globalement les malades. Cette mission, située à Genève en Suisse, s'étend aux handicaps et aux maladies pouvant marginaliser dû au SIDA[30].
Membres et hiérarchie[]
Les membres de l'ordre sont divisés en trois classes, suivant leur degré d'engagement religieux, (profès, obédience ou laïc), elles-mêmes subdivisées en catégories, les membres avec ou sans preuves de noblesse ou encore clerc ou laïc[31].
Le prince et grand maître actuel de l'ordre, Frà Matthew Festing, a été élu le 11 mars 2008[32].
Ordre pro merito Melitensi[]
L'ordre pro merito Melitensi récompense les personnalités qui ont acquis des mérites particuliers envers l'ordre ou qui ont soutenu ou participé à ses œuvres hospitalières. Les décorés ne deviennent pas pour autant membres de l’ordre de Malte[33].
Émissions philatéliques[]
L'ordre émet des timbres depuis 1966[34] à partir de son petit territoire de la Via dei Condotti à Rome. Ces timbres sont produits par la Poste magistrale de l'ordre souverain de Malte[34] et grâce à un accord signé le 4 novembre 2004[34] avec l'Italie, elle est habilitée à acheminer du courrier avec ses propres timbres dans une cinquantaine de pays[34]. Le courrier affranchi avec des timbres de l’ordre peut uniquement être expédié depuis le siège de la Poste Magistrale à Rome[35]. Néanmoins, en matière postale stricte, les timbres émis par l'ordre ne sont pas reconnus par l'Union postale universelle[35] (UPU).
L'émission de ces timbres procure à l'ordre des ressources non négligeables ; en particulier depuis qu'ils sont cotés par certains grands catalogues philatéliques italiens, comme le Sassonne ou l’Unificato.
Les timbres servent aussi à la propagande de l'ordre en mettant en valeur les symboles de l'ordre ainsi que les périodes historiques marquantes de l'histoire de son illustre prédécesseur l'ordre de saint-Jean de Jérusalem : on retrouve ainsi des bannières rouges à croix blanche, des portraits de grands maîtres, des scènes religieuses, les armoiries de l'ordre… Mais aussi depuis peu, des scènes représentant les actions actuelles des Œuvres hospitalières[34].
Les timbres émis portaient comme valeurs faciales la « monnaie » de l'ordre de Malte, exprimée en grani, en tari et en scudo. Depuis le 1er janvier 2005, les valeurs faciales sont exprimées en euro.
Émissions monétaires[]
Depuis 1964, l'Hôtel de la Monnaie de l'ordre souverain de Malte, émet ses propres séries de pièces de monnaie. Ces pièces n'ont aucun cours légal en Italie, ni dans aucun autre pays et sont un moyen pour l'ordre de Malte de se procurer des ressources grâce à l'engouement des numismates.
La monnaie de l'ordre souverainde Malte est le scudo (l'écu). Celui-ci est divisé en 12 tari et en 240 grani. Selon l'ordre de Malte, un scudo équivaut à 0,25 euro.
Les pièces émises sont frappées en bronze, en argent et plus rarement en or. Il n'existe aucun billet de banque émis par l'Hôtel de la Monnaie. De nos jours, l'Hôtel de la Monnaie de l'ordre de Malte émet des pièces de 10 grani en bronze, de 9 tari, de 1 et 2 scudi en argent, et de 5 et 10 scudi en or.
Notes et références[]
- ↑ 1,0 et 1,1 constitution de l'ordre de Malte
- ↑ Grand Prix Humanitaire 2007 de l'Institut de France
- ↑ Présence dans le monde d'après le site de l'ordre
- ↑ Texte du traité d'Amiens, titre X
- ↑ http://google.fr/books?id=PcYNAAAAQAAJ
- ↑ http://google.fr/books?id=7NUvAAAAYAAJ
- ↑ A. C. Breycha-Vauthier, L'ordre S. M. Jerosolymitain de Malte, Évolutions récentes autour d'une ancienne organisation internationale, 1956, Max-Planck-Institut für ausländisches öffentliches Recht und Völkerrecht, p.502
- ↑ 8,0 et 8,1 [1]
- ↑ [2]
- ↑ Charte constitutionnelle de l'ordre de Malte (1961) p. 9.
- ↑ A. Blondy (2002) L'ordre de Malte au XVIIIe siècle, des dernières splendeurs à la ruine
- ↑ H. J. A. Sire (2005) The Knights of Malta
- ↑ V. Mallia-Milanes (1992) Hospitaller Malta, 1530-1798: Studies on Early Modern Malta and The Order of St John of Jerusalem
- ↑ www.orderofmalta.int
- ↑ B. Galimard Flavigny (2006) Histoire de l'ordre de Malte
- ↑ 16,0 16,1 16,2 16,3 16,4 16,5 16,6 16,7 et 16,8 Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., p. 333.
- ↑ Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., p. 265.
- ↑ Les menées du cardinal Canali sont le sujet du roman Chevaliers de Malte de Roger Peyrefitte paru en 1957.
- ↑ Erreur de référence : Balise
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incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesclio.fr
- ↑ Jonathan Riley-Smith, The Atlas of the Crusades, « Facts on File », Oxford, 1991, p. 170.
- ↑ 21,0 21,1 21,2 et 21,3 Relations diplomatiques sur le site de l'ordre de Malte.
- ↑ A. C. Breycha-Vauthier, L'ordre S. M. Jerosolymitain de Malte, Evolutions recentes autour d'une ancienne organisation internationale, 1956, Max-Planck-Institut für ausländisches öffentliches Recht und Völkerrecht, p.502
- ↑ www.ordredemaltefrance.org
- ↑ 24,0 et 24,1 Fête nationale de l'ordre sur Lexilogos.com
- ↑ www.thepeerage.com
- ↑ Philippe du Puy de Clinchamps, La Chevalerie, collection Que sais-je ? no 972, Presses universitaires de France, 1966 (1re édition 1961), p. 23
- ↑ 27,0 27,1 27,2 27,3 et 27,4 Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., pp. 269–274. Erreur de référence : Balise
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incorrecte : le nom « BGF269–274 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents. - ↑ 28,0 28,1 28,2 et 28,3 L'organisation internationale sur le site de l'ordre.
- ↑ www.ciomal.ch
- ↑ www.ilep.org.uk
- ↑ Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., p. 85.
- ↑ www.ordredemaltefrance.org
- ↑ Page traitant de cet ordre pro merito Melitensi sur le site de l'ordre de Malte.
- ↑ 34,0 34,1 34,2 34,3 et 34,4 Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., p. 292.
- ↑ 35,0 et 35,1 Timbres de l'ordre de Malte.
Voir aussi[]
Bibliographie[]
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Français :Gilles d'Aubigny et Bernard Capo, Les hospitaliers de Malte, neuf siècles au service des autres (Ordre de Malte-France, 1999)
- Français :René Borricand, Malte: Histoire de l'ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, de Rhodes, et de Malte, Aix-en-Provence, 1981, (ISBN 2853970078) 207 pages
- Français :Georges Dansaert, référendaire de l'Ordre de Malte, Histoire de l'Ordre souverain et militaire de Saint-Jean de Jérusalem, dit de Rhodes ou de Malte, en Belgique, préface du prince A. de Ligne, Bruxelles, 1932.
- Français :Claire Éliane Engel, Histoire de l'ordre de Malte (Nagel, 1968)
- Français :Bertrand Galimard Flavigny, Histoire de l’ordre de Malte (Perrin, Paris 2006 (ISBN 2-262-02115-5))
- Français :Francis Gutton, Sous l'emblème de la croix de Saint-Jean-de Jérusalem la chevalerie hospitalière et militaire de l'ordre de Malte, éditions Lethielleux, Paris, 1980 (ISBN 2249601453), 248 p.
- Français :Fortuné Koller et Louis Robyns de Schneidauer, Gens de chez nous dans les divers ordres de chevalerie sous l'Ancien Régime, Bruxelles, 1974.
- Français :Olivier Matthey-Doret, du moine hospitalier du XIe siècle au citoyen engagé au XXIe siècle (Académie des sciences arts et belles lettres de Dijon, commission Héraldique et Numismatique)
- Français :Claude Petiet, Ces messieurs de la religion. L'ordre de Malte au XVIIIe siècle ou le crépuscule d'une épopée, Éd. France Empire, Paris 1992
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- (de) Robert Prantner, Malteserorden und Völkergemeinschaft (Duncker und Humblot, Berlin 1974, IS)
- Français :Philippe du Puy de Clinchamps, La Chevalerie, collection Que sais-je ? no 972, Presses universitaires de France, 1966 (1re édition 1961)
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- (en) R.M.M. Wallace, International Law (1992, 76 pages)
- (de) Adam Wienand (Hrsg.), Der Johanniter-Orden, der Malteser-Orden. Der ritterliche Orden des hl. Johannes vom Spital zu Jerusalem, seine Geschichte, seine Aufgaben (3. Auflage. Köln 1988, (ISBN 3-87909-163-3))*
- Français :Armel de Wismes, Les chevaliers de Malte, France Empire, 1998, (ISBN 2704808716), 234 pages
Articles connexes[]
- Ordre de Saint-Jean (Bailliage de Brandebourg)
- Liste des ordres hospitaliers
Liens externes[]
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