Aigles et Lys
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Józef Zajączek
Józef Zajączek 111
Fonctions
Namestnik (en) (vice-roi) de Pologne
9 décembre 1815[1]18 juillet 1826
Monarque Alexandre Ier de Russie
Législature Royaume du Congrès
Successeur Constantin Pavlovitch
Biographie
Date de naissance 1er novembre 1752
Lieu de naissance Kamenets-Podolski
Date de décès 18 juillet 1826 (à 73 ans)
Lieu de décès Varsovie
Nationalité Drapeau de la Pologne Polonaise
Profession Officier général
Résidence Palais Koniecpolski
Opatówek (pl)

Great Coat of Arms of Congress Poland
Liste des vice-rois de Pologne

Józef, prince Zajączek ou Zajonczek, voire Zajonschek (Kamenets-Podolski, 1er novembre 1752Varsovie, 18 juillet 1826), est un militaire et homme politique polonais des XVIIIe et XIXe siècles.

Il servit dans l'armée française durant la Révolution et sous l'Empire, atteignant le grade de général de division ; après la chute de Napoléon, il est nommé vice-roi de Pologne par le tsar Alexandre Ier de Russie.

Biographie[]

Né d'une famille noble, mais pauvre, Józef Zajączek fut destiné dès l'enfance au métier des armes, et se livra avec ardeur à l'étude des sciences nécessaires à cette profession[2]. Élevé au collège de Varsovie, il se livra à l'étude des connaissances militaires, et se fit remarquer parmi les élèves de son âge et de ses classes[3].

Entré fort jeune, en 1768[4], dans la cavalerie polonaise[4], il passa successivement par tous les grades : capitaine de dragons au régiment de Bulawa, et aide-de-camp du général Franciszek Ksawery Branicki en 1774, il passa lieutenant-colonel le 17 novembre 1784, colonel propriétaire[3] de ce régiment en mars 1786. Remarqué par Branicki, c'est sous les auspices du le grand général de la couronne que Zajączek combattit contre les patriotes de la confédération de Bar, de 1768 à 1772[4]. Il assista également au siège d'Otchakov (1788)[4].

Le colonel Zajączek parut à la diète de 1786, et à celle de 1788 à 1792, et s'y distingua par « la justesse de ses vues et par son indépendance[2] ». La dernière de ces diètes avait adopté la constitution du 3 mai 1791, laquelle avait été reçue avec enthousiasme dans tout le royaume. L'Europe, effrayée par la Révolution française, paraissait applaudir à la sagesse de la nation polonaise. Le roi de Prusse, dans les lettres qu'il adressait à Stanislas-Auguste[2], et dans les communications officielles de son ministre, le marquis de Lucchésini félicitait le monarque sur le changement qui venait de s'opérer dans ses états[2].

Guerre russo-polonaise (1792)[]

Enfin « les Polonais se croyaient assurés d'un bonheur inaltérable[5] », lorsque tout-à-coup le Frédéric-Guillaume II de Prusse changea de langage, et que la Russie dirigea contre eux près de 100 000 soldats[5]. Pendant cette guerre Zajączek développa « un caractère élevé, des sentiments d'un patriotisme éclairé et un ardent désir de rendre son pays à la liberté[3] ».

Servant sous les ordres du prince Józef Antoni Poniatowski, Zajączek devint, le 4 mai 1792, chef propriétaire d'un régiment de cavalerie légère, fut promu au grade de général-major le 29 du même mois, et à celui de lieutenant-général dans le mois d'août suivant[4].

Quelle que fût la disproportion de leurs forces, les Polonais en vinrent aux mains ; mais la première rencontre leur devint funeste. Ils prirent leur revanche, le 18 juin 1792, lors de la bataille de Zieleńce (en) : cette journée-là, Zajączek combattit sous les ordres du général Kościuszko[5]. Mais cette première victoire eut peu de résultats, le faible Stanislas-Auguste ayant envoyé à l'armée l'ordre de se retirer[5]. Zajączek servit avec distinction dans la guerre contre les Russes, et sa brillante conduite, pendant cette courte campagne, lui valut le grade de major général[3].

Polish-Russian War of 1792

La guerre russo-polonaise de 1792, par Aleksander Orłowski.

Cependant, après avoir traversé le Bug, l'armée polonaise s'établit de manière à arrêter l'ennemi, qui voulait passer la rivière. Le 18 juillet, les Russes trouvèrent encore, près de Dubienka, les soldats de Zaionczek, et Kościuszko resta maître du champ de bataille[5]. Ces efforts n'étaient point secondés par l'énergie du roi, qui, craignant Catherine II , conclut une suspension d'armes ; et qui le 23 juillet mit son nom royal au bas de la confédération de Targowitza[5]. Depuis ce moment, les patriotes polonais durent perdre tout espoir[5]. Ce fut en vain que Stanisław Malachowski adressa au roi des remontrances énergiques, et qu'Ignace Potocki, Hugo Kołłątaj, Thadée Mostowski et d'autres encore se joignirent à lui[5]. Leurs avis étant méprisés, ils quittèrent la Pologne, résolution fut partagée par Józef Antoni Poniatowski, Kościuszko, Zaïonczek, etc...[5] Ce dernier envoya sa démission au roi Stanislas-Auguste[3] et se retira en pays étranger, après avoir fait ses adieux à l'armée polonaise, qui, privée de ses chefs, n'existait plus que dans des corps isolés. Il avait reçu deux coups de feu dans cette campagne[4].

L'ambassadeur de Russie, Jacob Johann von Sievers, dirigeait les opérations de la diète, convoquée en 1793 à Grodno[5]. Avec le canon braqué contre le château où se tenaient les séances, il arracha la ratification du traité qui établit un second partage de la Pologne et mit fin à la la guerre pour la défense de la Constitution. Iosif Igelström, nommé ministre de Russie (ambassadeur), et commandant de l'armée russe en Pologne, établit son quartier-général à Varsovie[5].

Insurrection de Kościuszko (1794)[]

« La nation, courbée sous un tel despotisme, crut cependant pouvoir se relever, ou du moins elle voulut tenter un dernier effort[5] ». Ce fut à Varsovie même, sous les yeux des Russes, que des hommes déterminés formèrent une association qui choisit Kosciuszko pour chef, lequel se hâta de quitter Leipzig, pour se rendre sur les frontières de la Pologne[5]. Kościuszko, qui avait su apprécier la capacité de Zajączek et ses talents militaires, lui confia la mission de parcourir les provinces polonaises, devenues la propriété de la Prusse et de l'Autriche, dans le but de souder les dispositions de l'armée, des habitants, et de s'assurer des moyens de défense de l'ennemi[3]. Zaïonczek se chargea de pénétrer dans Varsovie, d'examiner les dispositions des habitants, et il demeura déguisé parmi eux pendant dix jours[5].

Mais les conjurés n'étaient pas encore prêts, et déjà les Russes étaient informés de leurs mouvements ; Kościuszko, pour détourner l'attention, prit le chemin de l'Italie, Zaïonczek vint à Dresde, d'où il fut chargé de correspondre avec son général. Croyant n'avoir plus rien a craindre, il revint une seconde fois à Varsovie ; mais le roi Stanislas-Auguste en informa lui-même les Russes, les engageant à le surveiller[5]. Zaïonczek, pour parer le coup, demanda à Igelström une conférence qui fut extrêmement vive, et il reçut ordre de quitter sur-le-champ le territoire de la Pologne. Cette conférence donna cependant à l’association un grand avantage : Zaïonczek s’assura que les Russes n'avaient point de renseignements positifs sur ce qui se tramait[6].

Igelström craignait le conseil permanent qui avait été conservé depuis 1775, et il craignait encore davantage l’armée ; il fit prononcer sa dissolution par le conseil permanent lui-même. Le brigadier Madaliński, pressé, sommé de licencier son régiment, fut le premier qui leva l’étendard de l’indépendance, et, dans un instant, toute la Pologne fut sous les armes. Les proscrits, les exilés se montrèrent de toutes parts. Lorsque les hostilités recommencèrent, Kosciuszko confia à Zayonchek le commandement d'une division[3].

Bitwa pod Raclawicami

Bataille de Racławice, 4 avril 1794

Kościuszko entre dans Cracovie ; le 24 mars 1794 il signe l’acte d'insurrection, et il est salué généralissime des armées de la couronne et de la Lithuanie. Le 1er avril, Madalinski vient se placer sous ses drapeaux. Le 4 ils rencontrent à Racławice les Russes, sous les ordres de Tormanssow ; quelque inégales que fussent leurs forces, Kościuszko, aidé de Zaïonczek, de Madaliński et de Manget (en), ne craignit point d'attaquer ; et le succès qu’il obtint rendit l’insurrection générale[6].

Zajączek arriva le 3 juin dans le palatinat de Chełm, pour y organiser les nouvelles levées. Le 8, on en vint aux mains, et l’artillerie polonaise qu’il dirigea fit des prodiges[6]. Mais Chomentovski ayant eu la tête emportée par un boulet, Zaïonczek eut beaucoup de peine à rétablir l'ordre parmi les nouveaux soldats[6]. Après de vains efforts et une valeur héroïque, ses troupes échouèrent contre les forces qui leur étaient opposées. Vaincu par les Russes, il se vit contraint d'effectuer sa retraite, qui, toutefois, s'opéra en bon ordre. Celle défaite n'abattit pas son courage, il rallia les débris épars de sa troupe, ranima leur ardeur, et se porta au secours de son général, inopinément attaqué par les Prussiens[3]. Il se hâta de retourner vers Varsovie, où Kościuszko avait besoin de son bras et de ses conseils[6].

En effet, le généralissime venait de battre les Russes à Szczekociny, quand tout-à-coup il fut attaqué par l’armée prussienne qui s’était emparée de Cracovie par suite d'une trahison. Les habitants de Varsovie, prévoyant les malheurs qui allaient fondre sur eux, s’ameutaient et demandaient hautement le supplice des traîtres. Le 18 avril 1794, après avoir massacré la garnison, ils trouvèrent dans les papiers d'Igelström la liste des hommes vendus à la cour de Saint-Petersbourg, et qui en recevaient des pensions. La voix publique demandait qu’ils fussent punis. Kościuszko nomma une commission d'enquête, à la tête de laquelle il plaça Zajączek. Mais le général en chef ayant fait grâce à l’évêque Skarszcwski (pl), que cette commission avait condamné, Zajączek déclara qu’il ne la présiderait plus.[6]

Cependant les Russes et les Prussiens assiégeaient Varsovie. Kosciuszko et Zajączek firent plusieurs sorties heureuses, et, la Grande-Pologne s'étant soulevée, les Prussiens qui craignaient que leurs communications ne fussent interceptées[6] levèrent le siège dans la nuit du 5 au 6 septembre. Varsovie respirait : mais on recevait de Brześć Litewski des nouvelles extrêmement inquiétantes : Kościuszko, laissant à Zaïonczek le commandement général de Varsovie, se hâta de se rendre à l’armée de Sierakowski[6]. A peine avait-il quitté les bords de la Vistule, qu’il apprend que Souwarow s'avance, poussant devant lui les divisions polonaises. Kościuszko les rallie, mais, battu près de Maciéiowicé (en), il tombe dans les mains du vainqueur[6].

Wziecie Pragi

La bataille de Praga, par Aleksander Orłowski, 1797.

« La nouvelle de ces tristes événements jette l’effroi dans Varsovie, et c’est en ce moment de désespoir que Zajączek, d’accord avec le vice-chancelier Kołłątaj, forma, dit-on, l’horrible projet d'égorger Stanislas-Auguste, sa famille, ses partisans et läs prisonniers russes[6] ; ce que dans ses Mémoires il rejette comme une calomnie inventée par ses ennemis[7]. »

Souwarow marchant sur Varsovie, les Polonais déférèrent le commandement à Tomasz Wawrzecki, et Zajączek fut chargé de défendre le faubourg de Praga, devant lequel Souwarow parut le 2 novembre. Le 4 à trois heures du matin, l'armée russe commença l'assaut. A neuf heures l'engagement fut général. Zajączek, quoique grièvement blessé dès le commencement de l'attaque, se jeta au milieu des ennemis, à la tête d'un corps qui avait résolu de périr les armes à la main[7]. On se battit en désespérés. Les Russes pénétrant de toutes parts égorgèrent sans distinction les femmes, les enfants, les vieillards[7]. Ils ne s'arrêterent qu'après avoir tué quinze mille de ces malheureux. Les généraux Iasinski (pl), Korsak (pl), Paul Grabowski (pl), Kwasniewski (pl), furent trouvés parmi les morts, et Zaïonczek fut enlevé de ce champ de carnage par ses amis, qui le transportèrent à Varsovie, avant que les Russes se fussent emparés du pont de la Vistule[7].

On lui a justement reprocher de n'avoir pas bien pris ses mesures pour défendre Praga. Ne connaissant pas le caractère impétueux de Souwarow, il s'attendait à un siége régulier et lent, comme celui de Varsovie, qui avait duré trois mois, et que, de concert avec Kościuszko, il avait fait lever. Couvert de blessures, et accompagné de son frère, qui était membre du conseil permanent, il quitta Varsovie, et arriva sur les frontières de la Silésie, d'où il écrivit au général d'Harnoncourt[7], qui commandait les troupes autrichiennes en Gallicie, le priant de lui accorder un asile dans cette province. Pour toute réponse, on le conduisit dans la forteresse de Josefstadt (en) en Moravie, où il fut détenu jusqu'à la mort de l'impératrice Catherine. Par ordre de l'empereur Paul Ier, Kościuszko et plus de douze mille Polonais, qui gémissaient dans les fers, furent alors mis en liberté. Les prisons de Josephstadt s'ouvrirent également[7].

Guerres révolutionnaires[]

Józef Zajączek
Général Józef ZAJĄCZEK (1752-1826)
Origine Drapeau de la Pologne Pologne
Allégeance Drapeau de la République des Deux Nations République des Deux Nations
Drapeau des soldats polonais à Cracovie Insurrection de Kościuszko
Drapeau français République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Flag of Poland Duché de Varsovie
Drapeau du Royaume du Congrès Royaume du Congrès
Grade Général de division
Conflits Guerre russo-polonaise de 1792
Insurrection de Kościuszko
Guerres révolutionnaires
Guerres napoléoniennes
Commandement Régiment de Bulawa
Distinctions Commandant de la Légion d'honneur
Virtuti Militari
Ordre de l'Aigle blanc
Ordre de Saint-Stanislas
Ordre de Saint-André
Ordre de Saint-Anne
Ordre de l'Aigle noir
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile
(pilier Sud, 26e colonne)
Autres fonctions Namestnik de Pologne (en)
Famille Szlachta Świnka (pl)

POL COA Świnka
Général de division
Liste des généraux de la Révolution et du Premier Empire

Zaïonczek vint à Paris, demandant à servir : il fut envoyé à l'armée d'Italie, avec le rang de général de brigade[7] le 18 ventôse an V[4]. Le 1er prairial, il reçut l'ordre de partir de Milan pour se rendre à Brescia, à l'effet d'y prendre le commandement des troupes à la solde des Brescians et d'y procéder à l'organisation d'un bataillon polonais de 1 000 hommes, également à la solde du gouvernement provisoire de Brescia[4]. En 1797, il commanda le corps de troupes françaises, qui, le 28 mars, après l'affaire de Tarvis (en), s'avança jusqu'à Lintz, en suivant la vallée de la Drave, pour joindre le corps de Joubert, qui agissait dans le Tyrol[7].

Confirmé dans son grade par le Directoire, le 21 floréal an VI, Zaïonczek passa à l'armée d'Orient, et fut envoyé par Bonaparte dans le Menoufieh, une des provinces du Delta[4]. Il prit part à plusieurs combats en Égypte et en Syrie, se fit remarquer dans toutes les occasions, surtout au combat de Chewreis, à Bamanieh, et à la bataille d'Héliopolis[7]Kléber, qui avait pris le commandement depuis le départ de Buonaparte, « rendit hautement hommage à sa valeur[7] ». Le général en chef Menou le nomma général de division le 17 floréal an IX[4]. Le 28 août 1801, Menou, qui commandait après la mort de Kléber, convoqua un conseil de guerre, pour délibérer sur la capitulation qu'il voulait conclure pour l'évacuation de l'Égypte : sur vingt généraux qui composaient ce conseil, trois seulement, Zaïonczek, Destaing et Delzons, s'opposèrent à la conclusion d'un traité, et le déclarèrent ignominieux. Cependant il fut conclu, et Zaïonczek revint en France avec l'armée[7].

Guerres napoléoniennes[]

Revenu en France avec les débris de l'armée d'Égypte, il prit le commandement, le 28 ventôse an X, de la 18e division militaire, ensuite de la 21e[4].

Confirmé, le 26 floréal, dans son grade de général de division, par le premier Consul, nommé membre de la Légion d'honneur le 19 frimaire an XII, et commandant de l'Ordre le 25 prairial[4], Zaïonczek commanda une division au camp de Boulogne, en 1805, puis à l'armée d'Allemagne[7]. Il fit partie de la Grande Armée le 5e jour complémentaire an XIII. Après la bataille d'Austerlitz, une maladie grave, suite d'anciennes blessures et d'une dure captivité, le força de rester quelque temps à Vienne[7]. Envoyé à Strasbourg le 10 février 1806, et il est rappelé le 17 mars à Paris[4].

En 1806, les Polonais crurent enfin que leur patrie allait recouvrer son indépendance[7], et ils accoururent de toutes les contrées où ils s’étaient dispersés[8]. Zaïonczek et Jan Henryk Dąbrowski en formèrent des légions. Le premier reçut, le 28 septembre 1806, le commandement de la 1re légion du Nord[4]. Zajączek

Au commencement de 1807, les troupes polonaises ayant été divisées en 3 légions, Zaïonczek commanda la 2e[4]. Il fut envoyé à la tête d’une division vers Thorn, où il soutint pendant plusieurs heures les efforts du corps ennemi qui lui était opposé[3]. Après la bataille d'Eylau, il se dirigea sur Graudentz que les Prussiens paraissaient vouloir défendre. L’armée française s'étant retirée derrière la Passarge, le général reçut ordre de se porter à la tête des corps polonais sur Neidenburg[7].

Le traité de Tilsit rassembla quelques débris de la vieille Pologne pour former le grand-duché de Varsovie. Zaïonczek eut part aux dotations accordées aux généraux français. Un domaine lui fut assigné dans le palatinat de Kalisz[7].

Alors il quitta l'armée française pour travailler à l'organisation des corps polonais qui furent portés à trois divisions, chacune de dix mille hommes. Le commandement en chef et celui de la première division furent donnés au prince Poniatowski, qui avait droit à cette distinction par sa naissance et par son ancienneté. Cependant Zaïonczek, qui n'eut que la seconde division, croyant qu’on lui faisait tort, conçut contre le prince une rivalité, un dépit, qu’il ne cachait pas assez et qu’il conserva dans le cœur jusqu'à la mort de son rival[7]. Dombrowski, qui commandait la troisième division, était également jaloux ; ainsi il n'y avait point d'accord entre les chefs de l'armée polonaise[7].

Cependant au mois d’avril 1809, lorsqu'ils virent le prince Ferdinand d'Autriche s'avancer contre le grand-duché, à la tête de quatre-vingt mille hommes, leur division cessa, et les deux généraux se placèrent franchement sous les ordres du prince. Le 19 avril, Zaïonczek se trouvait avec sa division dans les plaines de Raszyn. Quoique les Polonais fussent à peine un contre cinq, ils combattirent pendant toute la journée, sans perdre de terrain. Le prince Ferdinand témoigna lui-même le désir de voir conserver les restes d’une armée si brave ; on négocia durant la nuit ; les Autrichiens occupèrent Varsovie, et pendant qu’ils gardaient cette capitale l’armée polonaise se jeta sur la Gallicie, appelant ses habitants à la liberté et à l'indépendance. Le combat d'Iedlinsk fut le seul où les Polonais eurent un désavantage marqué, et ce fut Zaïonczek qui commanda dans cette occasion. Deux capitales, Cracovie et Lemberg, occupées, deux grandes provinces envahies, l’armée du prince Ferdinand rejetée dans la Moravie, voilà quelles furent dans l'espace de deux mois les opérations de l'armée polonaise. Trois ans de repos suivirent le traité de Schönbrunn, qui réunit la Gallicie au grand-duché[8].

La guerre ayant été déclarée à la Russie en 1812, les Polonais crurent que leurs espérances allaient enfin se réaliser, et que leur royaume serait rétabli dans son antique splendeur[8]. Tout ce qui pouvait porter les armes accourut sous les drapeaux de leurs trois chefs. L'armée portée d’abord à 80 000 hommes, devait doubler ses rangs en entrant dans la Lituanie ; mais on la découragea en la morcelant et en la dispersant dans l'armée française. Zaionczek, sous les ordres du prince Poniatowski[4], n’eut sous les siens, qu’une division[8].

Dans la campagne de 1812, en Russie, le général Zayonchek « se montra digne de la confiance du chef du gouvernement français[3] » ; il se fit remarquer dans toutes les affaires où sa division prit une part active.

Il eut la jambe emportée par un boulet au combat de Polotsk, le 17 août[3],[9], et subit avec courage l'amputation[3] pratiquée par le baron Larrey. Fait prisonnier à Wilna, il fut traité avec les plus grands égards par les vainqueurs[8],[3].

Royaume du Congrès[]

Lors de la première abdication de Napoléon, le général Zayonchek rentra dans sa patrie, et fut placé dans les cadres d'activité de la nouvelle armée polonaise[3].

Après le Traité de Paris (1815), l'empereur Alexandre Ier donna l'ordre de réorganiser l'armée polonaise[8], dont il confia le commandement au grand-duc Constantin[10]. Zaïonczek y fut appelé comme général d'infanterie[10].

Bientôt la confiance du monarque lui ouvrit une nouvelle carrière. La partie de la Pologne échue à la Russie ayant été érigée en Royaume du Congrès, Alexandra lui donna une constitution, un gouvernement et nomma Zaionczek ministre de la justice et de l'Intérieur[11]. Lorsqu'à la fin de 1815 le monarque vint visiter la capitale de son nouveau royaume, voulant augmenter sa popularité, il nomma Zaïonczek son lieutenant-général[10] (vice-roi), avec le titre de prince[11]. Toute l'administration lui fut confiée ; et le grand-duc Constantin n'eut que le commandement de l'armée.

Karol Fryderyk Minter - Generał Zajączek 1822

Karol Fryderyk Minter (pl) (1780-1847), lithographie, 1822.

Quand Alexandre ouvrit la diète de 1818, il dit, en parlant de Zaïonczek :

« Un de vos plus dignes vétérans me représente parmi vous : blanchi sous vos drapeaux, associé constamment à vos succès et à vos revers, il n'a cessé de donner des preuves de son dévouement à la patrie. L'expérience a complètement justifié mon choix[10],[11]. »

Dès-lors Zaïonczek parut entièrement dévoué aux ordres et aux intérêts de la Russie ; et ses compatriotes eurent plus d'une fois à se plaindre de sa trop servile complaisance[10],[11] :

Ce général, a dit l'un d'eux[10], était d'une bravoure à toute épreuve : mais la réputation de ses talents militaires et diplomatiques toujours été équivoque ; et l’on ne peut douter que sa capacité ne fût bien loin d'égaler sa valeur. Cependant jamais on n'aurait osé soupçonner son patriotisme, encore moins son attachement aux libertés, dont les Polonais ont été de tout temps si jaloux. Dans plusieurs circonstances, il donna même des preuves si éclatantes d'un amour que l’on pourrait appeler exalté, pour la cause de ces libertés, qu'il fut, avec quelque vraisemblance, soupçonné de partager les principes des Jacobins français. Mais, parvenu au pouvoir qui avait été l'objet de son ambition ; élevé à la dignité de prince, avec le titre d'altesse, il alla au-devant de toutes les mesures, et sembla craindre de ne pas vivre assez longtemps, de ne pouvoir assez faire pour témoigner sa profonde reconnaissance. Né altier, hautain, il devint courtisan ; de républicain qu’il avait été si longtemps, il se fit l'instrument des volontés les plus despotiques. La liberté de la presse fut anéantie ; des arrestations arbitraires furent exécutées : enfin la guerre fut déclarée à toutes les institutions libérales de la Pologne. C'est dans cet état de choses que la célèbre diète de 1820 fut convoquée, et que dès le commencement de la session, cent dix-sept voix se déclarèrent pour l'opposition dans la chambre des nonces, qui n'en comptait que trois pour l'administration. L'opposition dans le sénat ne fut pas moins imposante. La diète rejeta le projet de la procédure en matière criminelle, jusqu'à ce que l'on y eût fait entrer l'institution du jury. Cette assemblée força le ministère à lui présenter une loi sage sur l'expropriation pour cause d'utilité publique, moyennant indemnité préalable ; et les chambres l’adoptèrent. Après des séances très-orageuses, elles rejetèrent un projet organique destiné à anéantir toute responsabilité des ministres, et votèrent l'accusation de ceux qui avaient signé l'ordonnance de la censure. Mais ces chambres, bientôt dissoutes[10], ne furent plus convoquées qu’au bout de cinq ans ; et alors , par un rescrit impérial russe, il leur fut interdit de donner de la publicité à leurs débats[12].

« Zaïonczek fut ainsi, pendant dix ans, le témoin et l’instrument de toutes ces violences ; et, loin de montrer la moindre opposition, il ne cessa de les appuyer de tout son pouvoir jusqu'à sa mort[12], qui arriva le 28 juillet 1826.
Ce général, qui avait obtenu des distinctions et de grandes récompenses, avait encore su profiter de sa position pour agrandir sa fortune et celle des siens. Comme les plus furieux révolutionnaires de France, que l'on avait vus naguère se faire les apôtres du despotisme, devenir les instruments et les favoris de la plus excessive tyrannie qui ait pesé sur la France, Zaionczek, comblé de tous les honneurs qu’il avait autrefois méprisés, contribua de tout son pouvoir à soumettre sa patrie à une puissance qu’il avait si longtemps combattue. Hautain envers ses inférieurs, rampant là où la fierté l'aurait ennobli, il fut, dans les dernières années de sa carrière, méprisé et renié par ses anciens amis et ses frères d’armes[12]. »

— Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne.

« La Biographie Michaud révoque en doute son attachement aux institutions libérales ; lui prête des intentions anti-patriotiques, et en fait l'instrument du despotisme du czar. On ne peut nier que ces allégations n'aient quelque fondement ; mais la vérité a été aussi, sans contredit, exagérée par le compatriote anonyme du général polonais, sur les assertions duquel s'appuie l'article de cette Biographie, et qui nous a paru avoir cédé à un esprit du ressentiment et de partialité. Le prince Zayonchek avait accepté la dépendance de son pays, mais non sos oppression[3]. »

— Rabbe, Vieilh de Boisjolin, Sainte-Preuve, Biographie universelle et portative des contemporains.

Aleksandra Zajączkowa

Aleksandra Zajączek (pl), 2e moitié du XVIIIe siècle.

Filip Dombeck (Dąbek) - Wjazd Generała Zajączka do Lublina w 1826 roku

Filip Dombeck, Entrée du général Zajaczek à Lublin en 1826, Nouvel hôtel de ville de Lublin (pl).

Il est mort, sans enfants, le 28 juillet 1826[3],[4]. Ses funérailles furent magnifiques et le grand-duc Constantin qui les avait ordonnées, y assista; mais « les sympathies de la nation polonaise n'accompagnèrent pas la dépouille mortelle d'un homme qui s'était toujours montré l'instrument docile de la politique du cabinet de Saint-Petersbourg[4] ». Ses dépouilles mortelles furent déposées à Opatówek (pl), petite ville que la Pologne lui avait donnée en récompense d'anciens services, et où, pendant son administration, il avait établi un des jardins les plus agréables et les plus richement ornés que l'ait vu en Pologne[12]. Son épouse, Aleksandra Zajączkowa, a obtenu de l'empereur Nicolas Ier de Russie[3] une pension considérable, que la Pologne acquitta[12].

Il a été provisoirement remplacé dans la dignité de lieutenant-général par le comte Valentin Soboleviski[12].

Distinctions[]

Titres[]

Drapeau de l'Empire français Empire français
Drapeau du Royaume du Congrès Royaume du Congrès

Décorations[]

Drapeau français République française, Drapeau de l'Empire français Empire français
Flag of Poland Duché de Varsovie
Drapeau du Royaume du Congrès Royaume du Congrès
  • Ordre de l'Aigle blanc (1815)[18],[19]
  • Ordre de Saint-Stanislas ;
Flag of Russia Empire russe
  • Ordre de Saint-André (1816)[19]
  • Ordre de Saint-Anne :
drapeau du Royaume de Prusse en 1803 Royaume de Prusse
  • Ordre de l'Aigle noir (1819)[19]
Décorations
Ordre de l'Aigle blanc (Royaume du Congrès) : Plaque, insigne et écharpe Croix de commandeur (IIe classe) de la Virtuti Militari Commandant de la Légion d'honneur (Aigle d'Or) Ordre de Saint-André : Plaque, insigne et écharpe Ordre de l'Aigle noir : plaqueOrdre de l'Aigle noir : insigne et écharpe
Chevalier de l'Ordre de l'Aigle Blanc Croix de commandeur (IIe classe) de la Virtuti Militari Commandant de la Légion d'honneur
Ordre de Saint-André
Ordre de l'Aigle noir
Arc de Triomphe mg 6842

Noms gravés sous l'Arc de Triomphe de l'Étoile : pilier Sud, 25e et 26e colonnes.

Ordre de Saint-Stanislas Ordre de Saint-Anne
Ordre de Saint-Stanislas Ordre de Sainte-Anne

Hommage, honneurs, mentions,...[]

Son nom apparaît (sous la forme ZAYONSCHECK) parmi ceux des 660 officiers inscrits sur l'Arc de triomphe de l'Étoile (26e colonne).

Héraldique[]

Pologne - Les armes de Świnka : De gueules à un bras posé en bande paré d'azur empoignant la mâchoire inférieure d'une hure de sanglier de sable[20] ;

Casque couronné ;
Cimier
une femme issante habillée de sinople les cheveux épars les mains croisées sur la poitrine.

Notes et références[]

Annexes[]

Articles connexes[]

Nuvola apps kpager
Il existe une catégorie dédiée à ce sujet : Józef Zajączek.

Liens externes[]

  • (en) « Maltagenealogy.com », List of Titles granted during the French Empires, sur www.saidvassallo.com (consulté le 3 décembre 2011) ;

Bibliographie[]

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