Aigles et Lys
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Alexandre-Urbain Yvan

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Alexandre-Urbain Yvan, chirurgien personnel de Napoléon, miniature sur ivoire, vers 1805

Naissance 28 avril 1765
Toulon
Royaume de France Royaume de France
Décès 30 décembre 1839 (à 74 ans)
Paris (Ier ancien[1])
Drapeau français Royaume de France
Nationalité Drapeau de la France Française
Pays de résidence Drapeau de la France France
Diplôme
Profession Chirurgien
Activité principale Chirurgien ordinaire de Napoléon Ier
Autres activités
Chirurgien en chef des Invalides
Inspecteur général du service de santé
Formation
Hôpital militaire de Toulon
Distinctions
Signature de
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Maison de l'Empereur Napoléon Ier

Alexandre-Urbain, baron Yvan (Toulon[3], 28 avril 1765Paris (Ier ancien[1]), 30 décembre 1839), est un chirurgien français des XVIIIe et XIXe siècles.

Biographie[]

Fils de Louis Yvan, maître maçon, et de Marie Collomb[4], Alexandre-Urbain Yvan naît à Toulon, le 28 avril 1765. Il fait ses études médicales à l'hôpital militaire de la ville, où il se trouve encore en 1792[3].

Chirurgien aide-major de 1re classe, Yvan est affecté à l'armée d'Italie. Il est présent à Castiglione, Arcole et Rivoli[3].

En 1798, il est promu chirurgien en chef adjoint des Invalides[3]. En 1800, sur l'insistance de Berthier[3], il succède à Raphaël Bienvenu Sabatier[3].

Lejeune - Bataille du col de Somo Sierra en Castille, le 30 novembre 1808

Bataille du col de Somo Sierra en Castille, le 30 novembre 1808 (détail : Le Maréchal de Bellevue dirigeant ses colonnes d'attaque ; M. de Turenne, officier d'ordonnance et le docteur Yvan chirurgien de l'Empereur, donnant des secours à M. de Ségur), huile sur toile, 1810, Château de Versailles.

Il est détaché cette année-là, au service de Bonaparte lui-même, ce qui suscite de nombreuses jalousies, y compris chez Pierre-François Percy[3], le futur chirurgien en chef de la Grande Armée (1803). Il ne quitte plus l'Empereur jusqu'en avril 1814 et l'assiste dans toutes ses campagnes. Il est affectueusement affublé du sobriquet suivant : le « Roustam de la chirurgie[3] ».

Ainsi, Yvan peut assister à la toilette de l'Empereur[5]. Omniprésent, il lui arrive de dormir aux Tuileries afin que ce dernier puisse le solliciter à n'importe quel moment de la journée[6]. En 1804, lorsque Napoléon organise sa maison impériale, Yvan met en place et organise son ambulance personnelle[3]. En 1805, il est le chirurgien ordinaire de Napoléon[7] et occupe aussi la fonction de chirurgien-major des grenadiers de la Garde impériale[8]. En 1807, il est fait officier de la Légion d'honneur. Autres grincements de dents chez ses détracteurs[3],[6].

C'est un chirurgien très apprécié, car il est beaucoup plus conservateur que Dominique-Jean Larrey[5]. Après chaque combat, il rédige un rapport motivé et extrêmement détaillé sur le nombre de blessés et de tués[9].

Ratisbonne (1809)[]

Au siège de Ratisbonne, le 23 avril 1809, Napoléon est blessé. C'est sa seconde blessure de guerre. Constant relate l'épisode[10] :

« L'Empereur voyant fuir les Autrichiens de toutes parts, croyait l'affaire terminée. On avait apprêté son déjeuner à la cantine, au lieu qu'il avait désigné. Il se dirigeait à pied vers cet endroit, lorsque se tournant vers le maréchal Berthier, il s'écria : « Je suis blessé ».
Le coup avait été frappé si fort que l'Empereur était tombé assis ; il venait de recevoir la balle qui l'avait frappé au talon. Au calibre de cette balle, on reconnut qu'elle avait été lancée par un carabinier tyrolien, dont l'arme porte ordinairement à la distance où nous étions de la ville. Un aide de camp vint me chercher, et lorsque j'arrivai, je trouvai M. Yvan occupé à couper la botte de Sa Majesté, dont je l'aidai à panser la blessure. Quoique la douleur fût encore très vive, l'Empereur ne voulut même pas donner le temps qu'on lui remit sa botte, et pour donner le change à l'ennemi, et rassurer l'armée sur son état, il monta à cheval, partit au galop avec tout son état-major et parcourut toutes les lignes.
[11] »

Napoléon blessé à Ratisbonne

Napoléon Ier, blessé au talon devant Ratisbonne, est soigné par le chirurgien Yvan (tableau de P.C. Gautherot).

Dans ses Mémoires, Constant raconte une deuxième fois l'événement et dit qu'il n'est arrivé qu'au moment où Yvan faisait le pansement, ce qui semble plus vraisemblable :

« À la campagne de Ratisbonne, le 23 avril, l'Empereur reçut au pied droit une balle morte qui lui fit une assez forte contusion. J'étais avec le service quand plusieurs grenadiers de la garde accoururent me dire que Sa Majesté était blessée. Je courus en toute hâte et j'arrivai au moment où M. Yvan faisait le pansement. On coupa et laça la botte de l'Empereur qui remonta sur-le-champ à cheval.[11],[10] »

Aubry[12] affirme qu'un biscaïen l'aurait touché au talon droit. La contusion aurait touché un nerf et le pied aurait gonflé davantage dans sa botte qu'il n'avait pas ôtée depuis trois jours. Selon lui, Yvan l'aurait également pansé. Dans son Mémorial, Emmanuel de Las Cases[13] rapporte les propos de l'Empereur qui lui a dit qu'« une balle lui avait frappé le talon ». Le biscaïen est exposé au musée de l'Armée à Paris[5]. Bien que des doutes subsistent sur la personne qui aurait fait le premier pansement, Yvan s'affaire par la suite auprès de son illustre patient[5].

Le 31 janvier 1810, Napoléon l'élève au rang de baron de l'Empire. Le 21 juillet 1811[14], à la mort de Sabatier, il est officiellement promu au rang de chirurgien en chef des Invalides[3]. Il le demeurera jusqu'en 1832[5].

La Moskowa (1812)[]

À la veille de la bataille de la Moskowa (7 septembre 1812), l'Empereur est au plus mal. Il consulte un médecin qui émet deux bulletins de santé alarmants[5]. Yvan, après l'avoir examiné, relativise l'état de son patient dans deux lettres et nuance clairement les billets de son confrère :

« L'Empereur était très accessible à l'influence atmosphérique. Il fallait chez lui pour que l'équilibre se conserve que la peau remplît toujours ses fonctions. Dès que son tissu était serré, par une cause morale ou atmosphérique, l'appareil d'irritation se manifestait avec une influence plus ou moins grave et de la toux, et l'ischurie se prononçait avec violence. Tous ces accidents cédaient au rétablissement des fonctions de la peau. Dans la journée du 5 au 6, il fut tourmenté par le vent de l'équinoxe, les brouillards, la pluie et le bivouac. Les accidents furent assez graves pour être obligé de les calmer à la faveur d'une potion qu'on alla chercher dans la nuit à une lieue du champ de bataille. Le trouble fut assez grand pour donner lieu à de la fièvre, et ce ne fut qu'après quelques jours de repos soit à Mojaïsk, soit à Moscou que la toux et l'ischurie cessèrent[15]. »

Yvan banalise l'événement, ce qui implique que ce type de symptômes survenait régulièrement, semble-t-il[5]. Dans un second courrier, Yvan confirme à Philippe-Paul de Ségur, qui a demandé davantage de renseignements :

« La constitution de l'Empereur était éminemment nerveuse. Il était soumis aux influences morales et le spasme se partageait ordinairement entre l'estomac et la vessie. Il éprouvait, lorsque l'irritation se portait sur l'estomac, des toux nerveuses qui épuisaient ses forces morales et physiques au point que l'intelligence n'était plus la même chez lui. La vessie partageait ordinairement ce spasme, et alors il se trouvait sous l'influence d'une position fâcheuse et dégradante. Le déplacement à cheval augmentait les souffrances. Il éprouvait l'ensemble de cet accident au moment de la bataille de Mojaïsk au point qu'on fut obligé dans la nuit du 6 au 7 d'envoyer faire préparer une potion par son pharmacien qui était avec les gros bagages à une lieue de distance[15]. »

Jamais blessé, Yvan est contusionné violemment par un boulet qui passe sous le poitrail de son cheval, à Bautzen, en 1813[3].

Fontainebleau (1814)[]

En 1814, au mépris des règles et du « numerus clausus » en vigueur qui en avait au préalable fixé le nombre, l'Empereur le nomme inspecteur général du service de santé[3].

Dans la nuit du 12 au 13 avril 1814, Napoléon, alors à Fontainebleau, souhaite se suicider[5]. Pendant la campagne de Russie, l'Empereur avait déjà sollicité Yvan à cet effet et lui avait demandé de lui donner une décoction susceptible de mettre fin à ses jours[16]. Le chirurgien lui aurait donné un liquide à base de belladone et d'ellebore blanc totalement inoffensif[n 1]. À Fontainebleau donc, Napoléon tente de se suicider et absorbe le breuvage qui ne fait aucun effet. Il demande au chirurgien de lui administrer quelque chose de plus efficace. Ce dernier refuse et face à l'insistance de son patient, prend panique, et s'enfuit[3]. Méneval nous fait le récit de la scène[17] :

« L'empereur était étendu sur une causeuse de sa chambre à coucher, la tête appuyée dans ses mains. Il s'adressa au docteur Yvan : « La mort ne veut pas de moi, dit-il ; vous savez ce que j'ai pris ». Yvan, interdit, troublé, balbutie, dit qu'il ne sait ce que Sa Majesté veut dire, qu'il ne lui a rien donné ; enfin il perd tout à fait la tête et sort précipitamment de la chambre pour aller tomber dans la pièce voisine, sur un fauteuil, où il éprouva une violente attaque de nerfs.
La nuit se passa assez tranquillement. Le lendemain, le docteur Yvan, M. de Turenne et autres se présentèrent au lever de l'empereur, qu'ils trouvèrent presque entièrement remis de la nuit cruelle qu'il avait passée. Il était calme, profondement triste, et déplorait le malheureux état où il laissait la France. Quant au docteur Yvan, encore troublé de la scène de la veille, et sous l'impression des alarmes qu'elle lui avait causées, il était résolu à ne pas rester au palais. Aussi, en sortant du lever, il descendit précipitamment dans la cour, et trouvant un cheval attaché à l'une des grilles, il monta dessus et s'éloigna au galop. »

— Claude-François Méneval, Napoléon et Marie-Louise : Souvenirs historiques, vol. 2, 1844, p. 114

Une autre version affirme que le premier breuvage aurait été actif et qu'Yvan serait parvenu à faire vomir son patient pour le purger. Devant son état, pris de panique à l'idée d'être considéré comme le responsable de la mort du Corse, il aurait pris la fuite[5].

Par la suite, Napoléon ne lui pardonnera jamais cette fuite et ne fera plus jamais mention de son nom. Yvan tente bien de reprendre contact pendant les Cent-Jours, mais ne sera jamais reçu, l'Empereur ayant la rancune tenace[3],[18][6].

Yvan meurt à Paris, le 30 décembre 1839[19].

Ascendance et postérité[]

Sa descendance compte parmi les familles subsistantes de la noblesse d'Empire.

Distinctions[]

Titres[]

Décorations[]

Décorations
Officier de la Légion d'honneur (Aigle d'Or Type 2)
Officier de la Légion d'honneur

Héraldique[]

Armoiries Blasonnement
Orn ext baron de l'Empire OLH
Blason Alexandre-Urbain Yvan (1765-1839)
Armes du baron Yvan et de l'Empire

Écartelé ; au premier d'argent à la tête de minerve en profil de sable ; au deuxième des barons officiers de notre maison; au troisième de gueules au coq d'argent, adextré en chef d'une étoile d'or; au quatrième d'argent au pélican et sa piété d'azur[25],[21],[22],[4].

Notes et références[]

  1. Selon Lemaire 2003, il s'agissait d'un mélange d'opium et de noix vomique mis au point par Cabanis sous la Terreur et déjà utilisé par Condorcet.

Annexes[]

Articles connexes[]

Liens externes[]

Bibliographie[]

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